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Paroisse St Pierre-St Paul
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5 juin 2015

Le père Jean-Louis Gazzaniga ( Vicaire général du Diocèse de Nice) à Notre Dame du Laus

 

Les évêques et les vicaires généraux de la province de Marseille au sanctuaire Notre-Dame du Laus

 

Lundi 1er et mardi 2 juin, les évêques et les vicaires généraux de la province de Marseille se sont retrouvés au sanctuaire Notre-Dame du Laus pour réfléchir à plusieurs questions pastorales.

 

 

Les évêques et vicaires généraux de la province au sanctuaire Notre-Dame du Laus

 

 

Le premier jour, lundi 1er juin, la messe était présidée dans la basilique du sanctuaire par Mgr Jean-Michel di Falco Léandri. Ci-dessous son homélie.

 

Homélie

 

Tobie 1, 3 ; 2, 1b- 8 « Moi, Tobith, j’ai marché dans les voies de la vérité »

 

Marc 12, 1-12 « Ils se saisirent du fils bien-aimé, le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne »

 

Tobith a marché dans les voies de la vérité toute sa vie. Et quelles ont été ces voies de la vérité ? La compassion. Lors de la fête de Pentecôte il veut partager son repas avec un pauvre. Il jeûne. Il enterre un mort au risque de sa vie. Marcher dans les voies de la vérité, pour lui, c’est faire œuvre de miséricorde, œuvre de compassion.

 

Et si la vérité se trouvait dans la charité, dans l’amour ? Est dans le vrai celui qui aime concrètement, et non pas celui qui ne fait que parler d’amour. Est dans le vrai celui qui se mouille, qui s’engage, qui ne craint pas de se salir les mains, qui prend des risques. Celui qui reste sourd, aveugle au sort d’autrui n’est pas dans le vrai.

 

Notre indifférence au sort des autres, le pape François entend la mettre en cause ! Il lance l’année de la miséricorde. Par cette année sainte il veut réveiller nos consciences endormies. Déjà dans une audience générale il y a plus d’un an et demie il avait évoqué les œuvres bien concrètes de miséricorde. Et dans la bulle d’envoi du jubilé il en a parlé à nouveau. Il y rappelle les œuvres de miséricorde corporelles, celles mêmes que Tobith a vécues de tout son être. Je cite le pape : « Donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts ». Le pape mentionne aussi dans son texte les œuvres de miséricorde spirituelles. Je le cite à nouveau : « conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, – par exemple moi dans cette homélie (ça c’est de moi, pas du pape, et il poursuit) – prier Dieu pour les vivants et pour les morts ».

 

Pas besoin donc de chercher midi à quatorze heures, de se creuser la tête pour trouver où est le vrai. Je suis dans le vrai si j’aime concrètement. La vérité, c’est la charité, l’amour.

 

Le conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation a présenté un programme où l’année sainte est ponctuée par la mise en avant de chacune des œuvres de miséricorde. L’équipe pastorale du sanctuaire de Notre-Dame du Laus a aussi préparé un programme en ce sens. L’évangélisation, pour toucher les cœurs, ne peut que se tourner vers le langage de la miséricorde, un langage fait bien plus de gestes et d’attitudes que de belles paroles. Loin de tout prosélytisme, l’évangélisation ne porte des fruits que si l’on se place sur la même longueur d’onde que Dieu, en usant à l’égard des autres de la même miséricorde que celle dont Dieu a usé et dont il continue d’user à notre égard.

 

La vérité, c’est la charité. La vérité n’est pas déconnectée de la charité. La voie de la vérité est celle de la charité, jusqu’à faire corps avec elle. Mais comment se fait-il alors que certains chrétiens se crispent lorsque la miséricorde entre, par exemple, dans le champ de la sexualité ? Comme si on s’éloignait de la vérité en voulant user de compassion et de compréhension à l’égard des homosexuels, des divorcés-remariés, des sidéens, des prostitué(e)s, des usagers du préservatif. Certes, tout n’est pas à mettre sur le même plan, mais là aussi, la charité n’est pas séparée de la vérité. La voie de la vérité reste celle de la charité, de l’amour.

 

L’évangile nous présente les vignerons qui font périr les prophètes, qui font périr Jésus. Ces vignerons ont leurs petites vérités, leurs petites certitudes, leurs petites habitudes. Ils gèrent la vigne petitement, sans plus. Ils ne veulent surtout pas être dérangés. Certains aujourd’hui risquent d’être comme ces vignerons d’hier en faisant obstacle, plus ou moins consciemment, aux réformes que le pape François veut engager dans l’Église.

 

Après la lecture du livre François parmi les loups du journaliste vaticaniste Marco Politi, j’ai réalisé combien le pape François avait besoin de soutien face à ceux qui, même dans son entourage immédiat, critiquent certaines de ses prises de position et cherchent à leur faire barrage.

 

Le pape François brise l’image qu’a de l’Église l’opinion publique. À partir de l’image d’une Église qui juge et condamne, il façonne celle d’une Église qui aime, pardonne et qui accueille. D’une Église qui est perçue comme un obstacle entre les hommes et Dieu, il fait une passerelle, un pont entre Dieu et les hommes. S’il met le doigt sur les blessures de l’âme humaine ce n’est pas pour les raviver, mais pour les panser et pour exprimer de la tendresse et de la compassion.

 

Il a face à lui ceux qui campent sur leur vérité, qui refusent tout débat et passent derrière lui pour refermer les portes et les fenêtres qu’il ouvre toutes grandes pour faire entrer dans l’Église et le monde un vent d’Espérance, pour ne pas dire le souffle vivificateur de l’Esprit.

 

La miséricorde, la tendresse, la compassion, de loin nous savons en parler avec brio, mais de près, ça engage trop. Alors on referme. Désolé, il n’y a rien à voir !

 

Mais fort heureusement, ce que le pape dit décoiffe à un point qu’on devrait pouvoir même découvrir que certains qu’on disait en dehors de l’Eglise sont en réalité dedans, et que d’autres qui se disaient dedans sont en fait dehors.

 

Alors acceptons de nous laisser bousculer dans nos certitudes par le Christ, sa parole de vie, son commandement à être miséricordieux. Car la vérité, c’est la charité, l’amour. Et tant mieux si d’aimer un peu plus concrètement ça nous remue et nous fait mal. C’est que nous étions rouillés et avions bien besoin d’être remis en route !

 

+ Jean-Michel di Falco Léandri Évêque de Gap et d’Embrun

 

 

 

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