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Paroisse St Pierre-St Paul
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6 juillet 2018

Le cardinal Jean-Louis Tauran

Le cardinal Jean-Louis Tauran, très impliqué dans le dialogue avec l’islam, est mort

Discret ancien « ministre des affaires étrangères » de Jean Paul II, il était l’un des Français les plus haut placés au sein de la curie romaine. Il est mort jeudi à l’âge de 75  ans.

                                  
Jean-Louis Tauran était le plus romain des cardinaux français et le plus français des cardinaux romains. Le 9 février 2005, au Vatican. Jean-Louis Tauran était le plus romain des cardinaux français et le plus français des cardinaux romains. Le 9 février 2005, au Vatican. VINCENZO PINTO / AFP

Le cardinal français Jean-Louis Tauran, ancien « ministre des affaires étrangères » de Jean Paul II, responsable, sous Benoît XVI et le pape François, des relations de l’Eglise avec les autres religions, est mort jeudi 5 juillet à l’âge de 75 ans, a fait savoir le Vatican.Il souffrait de la maladie de Parkinson et avait récemment été hospitalisé aux Etats-Unis.

Jean-Louis Tauran, né le 5 avril 1943, à Bordeaux, était le plus romain des cardinaux français et le plus français des cardinaux romains. Avant le 13 mars 2013, peu de Français connaissaient cet homme discret et timide qui, de 1990 à 2018, aura servi trois papes. Ce soir-là, au balcon de la basilique Saint-Pierre, cerné par les caméras du monde entier, c’est lui, premier des « cardinaux-diacres », qui prononce le fameux Habemus papam et révèle le nom quasi inconnu du nouvel élu : Jorge-Mario Bergoglio, devenu pape François.

 

Au sein du Vatican où, depuis le très francophile Paul VI (1963-1978), la France ne joue plus qu’un rôle marginal, le diplomate Jean-Louis Tauran, polyglotte, passionné de musique baroque, est l’un des rares à avoir maintenu le prestige de la culture et de la diplomatie françaises. Précocement, ce jeune vicaire d’une paroisse bordelaise se forge un destin romain. Il intègre l’université grégorienne, puis l’Académie pontificale, l’« école des nonces ». Ses premiers états de service le conduisent surtout au Liban en pleine guerre civile.

L’un des maîtres d’œuvre de la politique de Jean Paul II

En 1990, le pape Jean Paul II, au sommet de sa gloire après la chute du mur de Berlin, renouvelle son gouvernement. Il nomme un nouveau secrétaire d’Etat, le cardinal Angelo Sodano, et appelle à la tête de son « ministère des affaires étrangères » un diplomate français inconnu de 47 ans, Jean-Louis Tauran, le plus jeune ayant jamais accédé à ce poste dans l’histoire récente de l’Eglise.

Il sera pourtant l’un des maîtres d’œuvre de la politique de Jean Paul II, devenu, à la fin de sa vie, le « mendiant de la paix ». Il le soutient quand il jette ses dernières forces pour éviter, dans un déluge de critiques, la guerre en Irak. Arpente avec lui le Liban et la Syrie pour appeler à la coexistence des communautés. Foule les territoires de l’ex-Yougoslavie où la diplomatie pontificale est active et les appels du pape aux Eglises orthodoxes sont insistants. Jean-Louis Tauran est l’un de ceux qui vont convaincre le pape de reconnaître, dès 1992, l’indépendance de la Croatie catholique, ce qui va le disqualifier aux yeux des Serbes orthodoxes. Un bilan en demi-teinte.

Il reste à la curie après la mort du pape (avril 2005) qui l’avait créé cardinal deux ans plus tôt. En 2007, Jean-Louis Tauran est nommé par Benoît XVI président du conseil pour le dialogue interreligieux, fonction qu’il gardera jusqu’à la fin. Ce petit dicastère (ministère) du Vatican est l’un des plus exposés depuis les attentats du 11 septembre 2001 et le discours de Benoît XVI à Ratisbonne, en septembre 2006, qui, évoquant un lien entre islam et violence, avait enflammé le monde musulman.

En 2018, devant les autorités de Riyad et de la Ligue islamique mondiale, le cardinal Tauran dénonce « un système de deux poids deux mesures » imposé aux croyants, qui alimente à la fois l’islamophobie et la christianophobie.   En 2018, devant les autorités de Riyad et de la Ligue islamique mondiale, le cardinal Tauran dénonce « un système de deux poids deux mesures » imposé aux croyants, qui alimente à la fois l’islamophobie et la christianophobie. AHMED ISMAIL / AFP

Dialogue entre l’Eglise et les pays d’islam

Avec sa modestie cultivée, son économie de mots et son entregent, le cardinal Tauran va recoller les morceaux du dialogue entre l’Eglise et les pays d’islam. A longueur de rencontres et de colloques, il tisse des liens avec des dignitaires jordaniens, libanais, saoudiens, répète que ce qui menace le monde, « ce n’est pas le choc des civilisations, mais celui des ignorances et des radicalismes » ; se défend de tout relativisme et complaisance avec l’islam. Ne cache pas la tragédie des chrétiens au Moyen-Orient sommés de se convertir ou de fuir. Combat le terrorisme : « Ils veulent démontrer l’impossibilité du vivre-ensemble. Nous croyons exactement le contraire. »

Aux catholiques sceptiques devant ce « dialogue » avec l’islam et les initiatives du pape François en faveur des immigrés musulmans, le cardinal français résiste : « Nous ne devons pas avoir peur de l’islam, si nous sommes des chrétiens formés, prêts à dialoguer et à se rencontrer. »

Sa dernière visite, à la mi-avril 2018, en Arabie saoudite, patrie du wahhabisme où la construction d’églises demeure interdite, restera son testament. Devant les autorités de Riyad et de la Ligue islamique mondiale, il dénonce « un système de deux poids deux mesures » imposé aux croyants, qui alimente à la fois l’islamophobie et la christianophobie. Et lance avec clarté : « Toutes les religions doivent être traitées sans discrimination, parce que leurs fidèles, comme les citoyens qui ne professent aucune religion, doivent être traités sans discrimination. » Une voix devenue rare dans le monde...

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